16,5%[1] c’est l’écart de salaire hommes femmes moyen en France en 2019. Ce chiffre s’explique par des taux horaires différents, des postes à responsabilité différente. Mais une différence de 4 à 10%[2] demeure injustifiée. Des sociétés comme Thermador ont résolu ce problème en optant pour la transparence salariale.
Précurseur en la matière, Guy Vincent, fondateur de Thermador, a mis en place cette politique dans son groupe, dès sa création en 1968. Le groupe isérois, spécialisé dans la distribution de matériel de chauffage et de plomberie, a déjà atteint l’égalité salariale.
Qu’est-ce que la transparence salariale ?
La transparence salariale désigne la publication des rémunérations. Elle peut prendre la forme d’une liste, d’une moyenne ou d’une médiane par équipe, d’une grille de rémunération… Chez Thermador, lors d’une réunion annuelle, chaque filiale rend public le salaire des collaborateurs sous la forme d’une liste nominative.
Au Danemark, la transparence salariale n’est pas une question de proactivité mais de législation. En effet depuis 2006, les entreprises danoises de plus de 35 salariés publient un rapport sur l’écart salarial entre les genres. Selon l’étude menée par Morten Bennedsen, professeur d’économie à l’INSEAD, l’écart de rémunération a baissé de 13% grâce à la transparence salariale.
Mais cette étude montre que la réduction de cet écart n’est pas homogène. Il diminue remarquablement sur la plupart des salaires, mais subsiste sur les plus hauts niveaux de rémunération. Pour Thermador, aller au-delà de la transparence salariale est nécessaire. Identifier les profils à haut-potentiels, les accompagner pour qu’ils gagnent en compétence est la clé, mais cela requiert une vision à long terme.
Une pratique prometteuse
Selon Thermador, cette pratique est positive pour deux raisons : elle permet d’éviter les rumeurs et favorise l’harmonie des rémunérations. Pour le manager, la transparence des salaires implique de s’appuyer sur des critères de rémunération lisibles et justifiables. Ce système permet d’annihiler les incohérences en matière de rémunération en déclenchant le dialogue. L’écart entre une personne qui sait et qui ose négocier et une autre serait amoindri.
Mais un système peu évident à mettre en place
Lorsque Thermador l’introduit dans les nouvelles filiales issues de la croissance externe, la transition se fait par étape et dans le temps. Pour lisser les écarts qu’elle y constate, elle peut choisir de publier des moyennes de salaire par service. Les managers s’interrogent ensuite sur la justification des salaires en dessous de la moyenne. La transition d’une culture d’entreprise à une autre se fait ainsi en douceur.
Le choix du périmètre de publication n’est pas aisé. Thermador publie l’information par filiale : celles-ci ont des résultats opérationnels différents, donc la valeur de rémunération variable indexée sur ce résultat varie.
De l’opacité à la transparence, quels sont les risques ?
Des sociétés transparentes peuvent avoir des difficultés à attirer des talents et la négociation salariale pourrait être un frein à l’embauche. Augmenter le salaire d’une nouvelle recrue pour l’attirer générerait un déséquilibre par rapport aux autres collaborateurs.
Favoriser l’égalité peut se faire au dépend de l’équité. L’écart de rémunération peut s’expliquer par un engagement différent entre deux collaborateurs. Il ne s’explique pas toujours par des éléments tangibles et factuels.
La transparence salariale a le mérite d’apporter un droit de regard, et de la lisibilité sur les critères de rémunération. Les collaborateurs peuvent mieux se situer, et considérer de nouvelles perspectives d’évolution, les écarts injustifiés sont visibles et corrigés. Toutefois, il s’agit d’un exercice périlleux qui requiert une période de transition pour les équipes et les managers.
Après une carrière de 20 ans dans la banque en ligne et rythmée par la création de projets entrepreneuriaux comme Orange Bank et BforBank, André décide en 2019 de mettre à profit son expérience financière au service d’une cause noble.
Convaincu que les grandes entreprises associées à l’univers de l’actionnariat ont les leviers d’action les plus efficaces, c’est l’emploi national qu’il défend avec le lancement d’Humpact.