Dernièrement, Publicis et son patron Arthur Sadoun, ont brisé le tabou du cancer en entreprise en lançant “Working with cancer”. L’objectif de cette démarche : sensibiliser les entreprises à cette problématique, afin de faire disparaître la stigmatisation autour de la maladie au travail.
Les initiatives pour favoriser l’accès, le maintien ou encore le retour à l’emploi des personnes malades sont essentielles. Mais alors comment sensibiliser le monde du travail à la maladie ? Quelles sont les entreprises qui s’engagent ?
Concilier travail et maladie
En France, environ 3,8 millions de personnes vivent avec ou après un diagnostic du cancer. Ce sont chaque année 400 000 personnes qui apprennent qu’elles ont un cancer et parmi elles 160 000 sont en emploi.
Selon une étude menée par la Ligue contre le Cancer, un salarié sur trois perd ou quitte son emploi dans les deux ans suivant le diagnostic de son cancer. La maladie provoque des absences plus nombreuses compte tenu des traitements ainsi qu’une fatigue plus importante etc.
Il faut donc réussir à aménager au cas par cas les conditions de travail des salariés malades pour leur permettre le maintien dans l’emploi ou encore le retour au travail. Récemment, TF1 a signé la charte Cancer@Work afin de préserver l’emploi des personnes malades et aider au développement d’actions solidaires en ce sens.
La plupart des salariés atteints d’un cancer prennent un arrêt maladie, mais il est possible dans certains cas de continuer à travailler. Pour que les employés concernés puissent poursuivre, ou reprendre, leur carrière sereinement, il faut que l’entreprise repense leur poste de travail. Pour cela des aménagements spécifiques sont à prévoir, tels que la mise en place d’horaires décalés ou encore le passage à un mi-temps ou à un temps partiel thérapeutique. L’employeur peut également participer à la subvention des traitements.
Aussi il est important de proposer aux salariés qui le souhaitent une visite de pré-reprise, permettant de faire le point sur ses objectifs et ses capacités, afin d’adapter au mieux ses conditions de travail dans les premiers temps de son retour.
Le rôle des entreprises face à la maladie
L’annonce d’un cancer est évidemment un bouleversement chez les malades. C’est aussi une période difficile pour l’entreprise et ses équipes, qui se retrouvent face à de nouvelles problématiques et doivent opérer une remise en question. Bien souvent, il faut revoir l’organisation sur une période encore indéfinie. L’enjeu est de ne pas exclure le salarié malade sans pour autant laisser s’installer un déséquilibre au niveau de la charge de travail d’une équipe. L’objectif de l’entreprise est donc de maintenir une certaine productivité tout en conservant les compétences d’un collaborateur malade. Par exemple, Sanofi a créé en 2017 son programme “Cancer et Travail : Agir ensemble”, suite à sa signature de la charte de l’INCa “Cancer et Emploi”. La société tente ainsi d’ajuster les impacts de la maladie avec les exigences liées au travail.
Différents axes d’amélioration peuvent être envisagés, comme la possibilité de former les managers à la gestion des cancers et plus généralement à celles des maladies chroniques au sein de l’entreprise. Ils sont alors plus à même d’aider aussi bien leurs salariés touchés directement, que leurs salariés aidants, faisant face à la maladie d’un proche. Par exemple le Groupe STEF, en ayant pris part à l’expérimentation “Travail et Cancer”, conduite par le Nouvel Institut, en partenariat avec l’Agefiph, a réorienté sa politique handicap pour venir en soutien aux salariés malades. L’entreprise sensibilise ses effectifs à ces sujets de santé et organise régulièrement des campagnes de dépistage.
Concilier travail et cancer est possible en tenant compte de ce que le salarié est capable de produire au cours de sa maladie et à condition que son employeur s’engage à adapter ses conditions de travail. Il est positif de constater que les entreprises françaises s’engagent sur cette problématique. Briser le tabou autour de la maladie, cancer ou encore maladie chronique, en entreprise est nécessaire.