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L’emploi des seniors : un défi français ! #2

Emploi France : Les 10 sujets qui fâchent

Loin derrière ses voisins européens concernant l’emploi des seniors, la France doit redynamiser le maintien et le retour à l’emploi de ses aînés.  

En France, le taux d’emploi des 55-64 ans est passé de 40% fin 2010 à 53,7% en 2020. Cette augmentation s’explique par les mesures portant sur la durée de la vie active: 

  • recul de l’âge légal de départ à la retraite,
  • allongement de la durée de cotisation pour accéder au taux plein,
  • restriction d’accès aux dispositifs de cessation anticipée d’activité,
  • allongement des études.

Pourtant, le taux d’emploi de 63,3% des 50-64 ans en 2020 est nettement inférieur à celui du reste de la population, avec un taux de 80,6% pour les 25-49 ans.

En 10 ans, dans la catégorie seniors :

la population active des plus de 50 ans a progressé de
28%
le nombre de chômeurs des plus de 50 ans a progressé de
50%

La part des plus de 50 ans représente 22% des chômeurs en 2019 contre 14% en 2009. Le décrochage est très sensible autour de 60 ans : les 60-64 ans ont un taux d’emploi de 32,7% contre 72,2% pour les 55-59.

La France, loin derrière ses voisins européens pour l’emploi des seniors

TAUX D’EMPLOIS PAR ÂGE ET NATIONALITÉ

taux emploi par age et nationalite

Avec un âge moyen de départ à la retraite de 61 ans contre presque 64 ans chez nos voisins allemands, à peine plus d’un senior français de plus 55 ans sur 2 est en emploi. Le taux d’emploi des seniors (55 à 64 ans) est trop bas, lui aussi : 53% en France contre 72,7% en Allemagne, 66,3% au Royaume-Uni et 77,7% en Suède.

Deux tiers des ruptures conventionnelles concernent les plus de 50 ans.

En 2019, 19,3% des salariés qui ont signé une rupture conventionnelle ont plus de 50 ans. Ce phénomène s’aggrave en période de crise et de plans sociaux. En 2020, les plus de 50 ans ont représenté les deux tiers du volume des ruptures de contrat enregistrées par Pôle emploi dans le cadre de plans sociaux Covid. 

En effet, lorsque les entreprises mettent en place des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), les départs en retraite ou préretraite composent la majorité des départs volontaires.

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 le nombre de ruptures de contrats de travail suite à des PSE, dont une grande partie touchera en priorité les seniors et les cadres depuis le début de la crise

L’objectif des entreprises: accélérer la transition numérique, réduire les effectifs administratifs et fonctions supports et donc le nombre de cadres employés. Face à des conditions de travail moins motivantes, le personnel proche de la retraite se voit proposer des aménagements de son temps de travail ou des ruptures conventionnelles.

Fin de carrière au chômage pour les baby boomers ?

« Les seniors qui arrêteraient définitivement leur activité entre 2016 et 2030 représentent près de 4 actifs sur 10 en emploi en 2015 » INSEE

Ce taux de départs élevé s’explique par la cessation d’activité des générations du baby-boom, ainsi que des départs supplémentaires de femmes en lien avec le développement progressif de l’activité féminine en France depuis les années 1960. 

En 2020, bien que le taux de chômage des seniors (5,4% pour les plus de 50 ans) soit nettement inférieur à celui des jeunes (20,2% pour les 15-24 ans) et légèrement inférieur à celui des 25-49 ans (7,4%), les seniors sont davantage touchés par le chômage de longue durée et font face à plus de difficultés pour trouver un emploi. 

Ce phénomène s’explique par un décalage avec les compétences recherchées par les entreprises, des indisponibilités (maladies, difficultés de déplacement etc), des exigences salariales élevées pour les cadres expérimentés ou un plus faible niveau de formation. En effet, les générations nées entre les années 50 et 70 n’ont pas bénéficié de la démocratisation scolaire comme les générations suivantes. 

Les seniors sont moins diplômés. Or, pour l’ensemble de la population active, le taux d’emploi augmente avec le niveau de diplôme.

D’après les résultats de la Dares, seuls 2% des demandeurs d’emploi de 50 ans ou plus inscrits en août 2018 se sont désinscrits et occupaient un emploi un mois plus tard, contre 7,1% pour les moins de 25 ans et 4,6% pour les 25-49 ans.

Fin 2020 la durée moyenne d’inscription : 

Cette catégorie retrouve moins souvent un emploi que les autres inscrits, pourtant c’est la génération dont les emplois sont le plus durables (CDI ou contrats de plus de 6 mois), avec le meilleur maintien dans l’emploi et la part la plus élevée d’emplois à temps partiel.

Quelles initiatives pour favoriser le maintien en emploi ?

Les cadres de plus de 60 ans ayant un taux de chômage élevé, il est nécessaire de multiplier les initiatives en faveur de l’emploi des seniors, sur le modèle de l’Apec qui lance l’opération Talent Seniors pour accompagner les cadres seniors vers le retour à l’emploi et lutter contre la désinsertion professionnelle et sociale.

Par ailleurs, afin d’amorcer une transition entre le monde du travail et la retraite, certaines sociétés proposent à leurs seniors de consacrer tout ou partie de leur temps de travail à une cause d’intérêt général pour une association tout en conservant leur salaire. Ce mécénat de compétence permet aux seniors de rester actifs tout en ayant des conséquences positives sur les associations locales. Le développement de ces initiatives ainsi que l’adoption de mesures réglementaires permettraient à la France de rattraper son retard face à ses voisins européens.

Article rédigé par Beloya Peiffer, analyste ESG. 

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